Cette tribune de deux écrivains/journalistes qui ont longtemps enquêté sur le meurtre d’Olof Palme a été publiée la veille de la décevante "conférence de presse numérique" de Petersson et Melander (voir ici). Les auteurs semblent s'être doutés que le procureur désignerait le défunt Stig Engström comme suspect du meurtre.

Il n'est pas exagéré de dire que les yeux du monde seront dirigés vers la Suède demain, mercredi, lorsque le procureur en chef Krister Petersson annoncera qui, selon lui, est à l'origine du meurtre du Premier ministre Olof Palme le 28 février 1986. L'acte brutal suscite toujours un grand intérêt international parce que la victime du meurtre était connue dans le monde entier comme un acteur majeur de la grande politique.
Le fait que la police et les procureurs suédois n'aient pas identifié celui ou ceux qui ont commis le meurtre au fil des ans n’a pas fait diminuer les attentes maintenant que le groupe d'enquêteurs a déclaré avoir trouvé la réponse.
Si une personne nommée est désormais identifiée par les procureurs comme le tueur d'Olof Palme, ce sera la première fois en 31 ans que cela se produit. La dernière fois, en 1989, Christer Pettersson a été inculpé et il a été reconnu coupable par le tribunal de district de Stockholm et condamné à la prison à vie. Les preuves retenues contre lui ont été jugées convaincantes par le tribunal ainsi que par le procureur et sa culpabilité hors de tout doute raisonnable. Mais il a été acquitté plus tard cette année-là par la Cour d’Appel (Svea hovrätt), qui ne pensait pas que les preuves existantes justifiaient la condamnation.
Nous devrions tous en être reconnaissants, car sinon nous aurions vu un meurtre judiciaire se commettre.
C’est désormais une une lourde responsabilité qui repose sur les épaules de Krister Petersson. Le système judiciaire suédois perdrait beaucoup de sa réputation internationale si la solution promise au meurtre se révélait être une demi-mesure ou peu crédible. Il y va donc de la vision de la Suède comme État de droit.
Si Krister Petersson choisit de désigner une personne nommée qui est vivante, il doit bien sûr poursuivre et soumettre sa thèse à la justice. Mais si, d'un autre côté, cela a fait l’objet de spéculations, il choisissait de désigner une personne décédée comme auteur, nous aurons une situation complètement différente. Des poursuites ne peuvent alors être engagées et aucun examen des preuves présentées au tribunal, comme dans le cas de Christer Pettersson, n'aura lieu. Il dépend ensuite d'autres forces de scruter les arguments et les faits sur lesquels Petersson appuie sa conclusion.
Il y a dans ce pays des journalistes, mais aussi d'autres parties intéressées qui ont étudié à fond l'affaire, un sacré travail sur la planche. Nous constituerons une importante instance de validation et il nous appartiendra de veiller à ce que nous n'ayons pas à expérimenter un nouveau meurtre judiciaire, posthume cette fois. Il ne s'agit donc pas d'une question de vigilance de la part de personnes « qui ne seront jamais satisfaites », mais d'un correctif important et nécessaire dans une situation où le système juridique ne le prévoit pas.
Nous soussignés, comptons parmi les journalistes les plus au fait de ce sujet, et nous sommes prêts à assumer nos responsabilités à cet égard et à participer à un tel travail d'enquête. Nous espérons que la solution proposée par Krister Petersson est crédible et fondée sur des preuves convaincantes, mais quoi qu'il en soit, elle doit être soumise à un examen minutieux. Les éléments de preuve contre Christer Pettersson ont également été décrits comme convaincants et crédibles à l'époque, mais ce fut un plantage total.
Pour qu'un examen externe de la solution présentée soit possible, les preuves sous-jacentes doivent être divulguées ouvertement. À ce jour, la confidentialité a largement reposé sur les documents des enquêteurs de Palme et a largement rendu impossible la lecture, mais lorsque la décision du procureur est prise et la désignation faite, les lampes doivent être allumées et tout ce qui constitue la base de la décision doit être mis sur la table.
Si la police et les procureurs sont convaincus de la force de leur désignation des assassins d'Olof Palme, ils ne peuvent guère avoir d'objections à cela.
