La détention de Puigdemont n'était pas un acte intelligent. Ce n'est pas un terroriste mais un politicien légitimé par des élections libres.

"La liberté des Catalans vaut aussi au Schleswig-Holstein", proclame ce manifestant devant la prison de Neumünster, où est détenu Puigdemeont
Désormais, la République fédérale d'Allemagne a son premier prisonnier politique: Carles Puigdemont, l'ex-Premier ministre catalan, qui a proclamé l'indépendance de sa région natale, bien que la majorité de la population ne le soutienne nullement. Un prisonnier politique? Le fait que les dirigeants catalans emprisonnés soient des prisonniers politiques n'est pas seulement l’avis de plupart des membres du parlement régional de Barcelone et d'Amnesty International, mais aussi des expertise des ministères de la Justice à Bruxelles et à Berne. La Belgique et la Suisse n'ont pas livré Puigdemont à Madrid parce qu'elles considèrent le conflit sur la Catalogne comme une affaire interne de l’Espagne, et surtout ne le considèrent comme un délinquant.
Le conflit de Catalogne est donc arrivé à Berlin. Plusieurs sources de tensions se profilent. Le ministère allemand de la Justice peut-il en décider autrement que les Belges? Il règne certes un consensus au sein de la grande coalition à Berlin, où l’on estime que la voie prise par les séparatistes catalans n'est ni légale ni légitime. Mais les autres États de l'UE peuvent-ils continuer à accepter que Madrid essaye d'écraser un mouvement de masse démocratique par l'emprisonnement et les amendes? Il est évident que la dureté de la justice espagnole vise à annihiler l'existence sociale et économique des militants catalans.
Ce ne sont pas des terroristes, mais des politiciens légitimés par des élections libres et qui n'ont recours qu'à des moyens pacifiques. Rien que pour cette raison, même selon les professeurs de droit espagnols, les crimes ou délits de rébellion et d’insurrection ne sont pas avérés. Il n'y a pas eu de violence en Catalogne de la part des séparatistes, mais seulement de la part de la police espagnole. Certes Madrid a le droit de neutraliser politiquement les séparatistes, mais ce le retrait du droit de vote passif et l'interdiction de leurs organisations devraient suffire (sic).
Ainsi, Puigdemont a réussi à internationaliser le conflit, ce qui ne peut pas être dans l'intérêt de Madrid. C’est la faute des dirigeants espagnols eux-mêmes, qui ont donné ces derniers jours un exemple flagrant de leur myopie : Il y a à peine trois jours, les partisans de l'indépendance au parlement à Barcelone ont perdu leur majorité, parce que l'un des trois groupes séparatistes a quitté le front commun. De plus, Puigdemont était en exil en Belgique et aucun politicien européen d’envergure ne le prenait au sérieux.
La répression contre eux a réunifié les séparatistes
Mais ensuite un juge d’instruction - sans doute avec la bénédiction du Premier ministre conservateur Mariano Rajoy – a fait arrêter d’autres dirigeants catalans, et a lancé un nouveau mandat d'arrêt européen contre Puigdemont. Ce mandat d'arrêt a été exécuté par la police autoroutière de l'Allemagne du Nord. Qui à Kiel ou à Berlin a ordonné cela? En tout cas, ce n’était pas malin.
La frappe du gouvernement de Madrid contre les dirigeants catalans a réunifié les séparatistes, alors divisés, à Barcelone. La région est menacée de grèves, toute l'économie espagnole dépend de la stabilité en Catalogne. Et cela affecte à son tour l'Union européenne. Malheureusement, Bruxelles n'a pas encore poussé le Premier ministre Rajoy à négocier avec Barcelone pour une solution politique à la crise. Désormais, ce sera à Berlin de le faire.